Véronique ATTIA livre par effleurements des visions en lien avec l'histoire de la terre et de l'humanité. Ses expériences de matières et de couleurs cherchent à restituer la dimension archaïque des êtres et des choses présente dans notre mémoire collective.
Chaque création commence par un amalgame de médiums (pigments, couleurs, ciment, collages, textiles marouflés, gesso, bitume, craies grasses, brou etc…) et donne naissance à la matière de laquelle elle fera naître la forme et le sens : visages, corps, parois, figures, traces, symboles, éléments de nature émergent comme des signaux à déchiffrer.
Attachée à vivre cette expérience en toute liberté, dans la spontanéité du geste, laissant sa part à l’imprévu, sensible à sa propre intuition, l’artiste est à la recherche de révélations.
Chaque peinture nous invite à retrouver des éléments en résonance avec le primitif comme ses portraits, échos de l’art aborigène, africain et précolombien et ses paysages empreints d’une nature vierge proche des origines.
Son atelier-galerie à Saint-Pair-Sur-Mer ouvert au public toute l'année donne à voir l'ensemble de son travail.Elle cherche dans les secrets de la nature.
Tel un savant, elle questionne les sphères. Mais les couleurs, les rythmes, les murmures, les écritures incompréhensibles transforment ses calculs en de petites formules beaucoup moins sérieuses quant à l’interprétation de la mise en relation des planètes, laissant la place à la poésie et au rêve (Calculs aléatoires).
De la végétation, elle en retient des tâches comme l’impression que laisse une corolle sur un herbier. L’artiste la ramène à la vie par la liquidité du matériau. Les cercles reviennent souvent sous la forme de membranes transites, vides ou en puissance (Fulgurance, Gamètes). Ses chiffres « matriculaires » réalisés au pochoir, sa sphère bleue chiffrée, dynamique et abstraite apparaissent sombrement sur un mur de la ville de Tel Aviv, comme une réflexion sur le mal rongeant la nature humaine. Dans la série Échafaudages, ses fils, cordons ombilicaux serpentent d’un endroit à un autre selon la logique des formes évoquant des espaces urbains soumis aux lois temporelles.
Elle passe du tumulte au silence, du chaos à l’apaisement : dans ses collages proches de la calligraphie, elle alterne des morceaux de tissus effilochés avec des traits fins, fluides, marécageux, limoneux et graphiques manifestant la délicatesse d’un idéogramme chinois empreint d’une certaine douleur (Fragments).
Toujours dans ce registre gracieux et léger, elle prend plaisir à faire rythmer les couleurs par des carrés, losanges, triangles serrés, rappelant les études chromatiques de Paul KLEE lors de son séjour en Tunisie.
Quand bien même elle tente la représentation du visage humain, elle le fait à l’image des graffitis très colorés, brutaux et totémiques. Ou bien, elle reste assujettie aux exigences du monde pariétal. Corps à l’état de reliques, collages, tissus, ses femmes n’ont pas de visage (Elles).
Représenter, fixer l’absence à travers des symboles et des signes, les œuvres de Véronique ATTIA explorent le monde ambigu que nous suggère la trace par des questionnements et des visions de la mémoire.